J’préfère quand c’est réel
Safouane Ben Slama
«J’préfère quand c’est réel»
Commissaire: Camille Martin
C’est l’été. Une lumière chaude illumine le visage d’une jeune fille. Celle-ci est allongée dans l’herbe verte, la tête reposant sur les cuisses de quelqu’un·e. Elle parle d’amour, d’amitié, de désillusions comme des instants de bonheur.
Dans un salon, un homme et une femme sont attablé·es. Iels se tiennent la main. L’un regarde l’objectif timidement, l’autre détourne le regard. Sur cette table, il y a des fruits et une tasse de thé. Les rayons du soleil traversent la pièce faisant ressortir la blancheur des murs.
Il fait nuit. Le flash de l’appareil photographique révèle le visage d’un garçon qui allume une cigarette. À sa droite, un bras l’enserre. Derrière lui, la lumière de la lune vient éclairer des arbres.
En juin 2021, Safouane Ben Slama découvre, équipé de son appareil photo argentique, le département de l’Essonne. Se laissant guider par les lignes des RER C et D, l’artiste prend le temps de descendre plus ou moins au hasard sur les différents quais de gare. De cette errance estivale à Brétigny, Grigny ou encore Étampes, résulte une exposition de 15 photos présentée au Théâtre Brétigny de janvier à juillet 2022.
Un an après avoir arpenté l’espace public, faisant le portrait attachant d’une jeunesse dehors, l’artiste revient dans le 91, perpétuant sa quête inextricable du réel.
Pour l’été et l’automne 2022, Safouane Ben Slama continue de parcourir cette banlieue pas comme les autres, notamment ses territoires ruraux et périurbains, de jour comme de nuit. La résidence de recherche artistique se prolonge en retrouvant celleux déjà rencontré·es. Expérimentant pour la première fois la vidéo, il offre à ses modèles la parole et le mouvement. Il s’agit aussi d’aller vers d’autres personnes en transmettant l’appareil photographique. Ce geste s’accompagne de l’intention de capturer les intérieurs et leurs intimités, toujours à la recherche de moments de tendresse.
Safouane Ben Slama a étudié la philosophie et est diplômé du master Science et métiers de l’exposition à l’Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne. Au fil de ses déambulations et voyages, il développe un rapport spontané et autodidacte à la photographie. Naviguant dans des contextes urbains et périurbains, sa pratique tend à révéler les gestes et marques des corps dans ces territoires. En 2021, il a mené un atelier dans le cadre du programme «Voir c’est croire, la preuve par l’image?», porté par LE BAL / La Fabrique du Regard. Il a participé à «Répliques Imaginaires» au 62e Salon de Montrouge (2017), en association avec le Mois de la Photo du Grand Paris et collabore régulièrement avec les magazines Vice, i-D ou Dazed & Confused.
Camille Martin est commissaire d’exposition indépendante. Elle rejoint l’équipe du CAC Brétigny en mai 2018 en tant qu’assistante curatoriale et de production, puis prend le poste de responsable de production jusqu’en février 2022. Durant ces quatre années, elle co-conçoit et accompagne notamment la résidence de Laura Burucoa (2019-2021) et se charge du commissariat des expositions au Phare, espaces d’accueil du Théâtre Brétigny, en 2021 et 2022 («À Ambroise et Aziza» de Neïla Czermak Ichti et Ibrahim Meïté Sikely, «En attendant les voitures volantes» de Laura Burucoa et «J’préfère quand c’est réel» de Safouane Ben Slama). En parallèle, avec Cathy Crochemar, elles créent en 2019 le collectif commizariat, qui pense pour la jeune création contemporaine des cadres de monstration festifs et populaires.
Ce projet s'inscrit dans le cadre du Contrat d'Éducation Artistique et Culturelle (CTEAC) de Cœur d'Essonne Agglomération avec la DRAC Île de France et l'Académie de Versailles. Il bénéficie du concours financier du Conseil départemental de l’Essonne. Il est conduit en partenariat avec commizariat.