Note à nous-mêmes

12.10—20.10.24

  • U+1F333-000

    Arbre à feuilles caduques

  • 🌳

    Dessin

  • Fabienne Guilbert Burgoa

    Crayon, 11,5 × 8,3 cm

  • croquis Marolles.png

    2024

«Bascules»
Saison hors les murs 2024—2025
Commissariat: Équipe du CAC Brétigny (Zélia Bajaj, Milène Denécheau, Léana Doualot, Elisa Klein, Danaé Leroy, Coraline Perrin, Marie Plagnol, Ekaterina Tsyrlina)

«Note à nous-mêmes»
Installation de Fabienne Guilbert Burgoa au Salon d’art de Marolles-en-Hurepoix
12.10—20.10.24

Fabienne Guilbert Burgoa conçoit des installations immersives au sein desquelles le public est amené à découvrir et activer des dispositifs. Privilégiant une approche intuitive de l’art, l’artiste imagine des espaces intimistes, à la fois oniriques et ludiques. Elle invite les visiteur·euses à prendre le temps nécessaire pour s’imprégner de la poésie qui en émane, s’essayer aux expériences proposées ou simplement se laisser aller à la méditation. Le choix des couleurs, des formes et des textures participent à la création d’espaces apaisants. On s’éloigne ainsi des murs blancs et des espaces neutres propres aux expositions d’art contemporain, où seul le regard est bienvenu.

Pour le Salon d’art de Marolles-en-Hurepoix, Fabienne a imaginé une installation sensorielle dans laquelle les visiteur·euses sont convié·es à entrer pour en faire l’expérience. Une fois à l’intérieur, chacun·e est invité·e à s’installer tranquillement et à manipuler les objets présents dans l’espace. Cette pièce entièrement recouverte de textiles évoque d’abord l’atmosphère chaleureuse d’un salon. Les murs sont habillés d’un doux velours et le sol couvert d’un tapis douillet, tissé par l’artiste en ayant recours à la technique du tuftage. Facile à apprendre, cette pratique permet à tou·tes de tisser des moquettes duveteuses.

Au centre de l’installation, un cube monochrome dont les côtés s’ouvrent pour déplier des coussins accueille une plante sous laquelle s’allonger confortablement. L’artiste nous propose d’y faire une pause ou même de s’y assoupir. Fabienne répond ainsi à l’invitation lancée par l’écrivain d’origine haïtienne Dany Laferrière, dont le livre L’art presque perdu de ne rien faire (2011) fait l’éloge de la lenteur dans un monde qui va de plus en plus vite, de la nonchalance pour prendre le temps de penser, de la sieste pour avoir l’énergie de s’ouvrir aux autres. Elle nous invite à son tour à nous plonger dans l’état rêveur que l’on peut ressentir en s’allongeant sous un arbre, à trouver l’apaisement propice à la divagation et au glissement vers l’imaginaire. Les corps allongés sous cet arbre déplacé de son milieu naturel en prolongent les racines, dans une métaphore évoquant les mouvements forcés par la colonisation et les héritages parcellaires des descendant·es de l’esclavage.

Si l’on prête attention aux détails, on s'aperçoit que Fabienne a camouflé certains éléments. En soulevant les pans de tissus pour découvrir ce qui se cache derrière, on accède aux bribes d’un récit poétique écrit par l’artiste. Celui-ci nous fait voyager aux côtés d’un personnage devant faire appel à chacun de ses sens pour contourner les obstacles mis sur sa route. Au fil de la narration, la vue, le toucher, l’ouïe ou encore l’odorat des visiteur·euses sont convoqués par différentes textures et divers éléments de l’installation. La laine utilisée pour tisser la moquette, teintée naturellement par l’artiste, porte ainsi l’odeur des plantes qui lui ont donné sa couleur. La fable synesthésique imaginée par l’artiste associe les sens et se révèle aux personnes qui tendent l’oreille, se penchent pour toucher et s’accroupissent pour sentir. Pour peu que l’on ose déplier les paquets de tissus laissés par l’artiste en cadeau aux visiteur·euses, il se pourrait même que l’on puisse à notre tour y déposer quelque chose, une histoire à transmettre aux suivant·es ou une trace de notre passage.

 

Fabienne Guilbert Burgoa (née en 1992), vit et travaille à Marseille. En 2017, elle est diplômée de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy. Interrogée par la muséification qui rigidifie les cultures orales dans les latitudes Sud, elle entame des recherches anthropologiques collaboratives afin de créer des nouvelles propositions de récits et d’espaces communs, accueillants et vivants. Elle travaille sur l’accessibilité de la culture et s’attache à créer des ponts entre art contemporain et design à travers des principes d’activation ludique et d’affordances intuitives, à l’image de sa première collection de mobilier sculptural MIMO. Elle a notamment bénéficié du soutien de la Fondation Alfredo Harp Helú en 2016, du Museo Textil de Oaxaca en 2017, de La Collection Lambert depuis 2022 et du Frac Sud en 2023.