Modalités des pratiques de co-création: l'oralité
Jeudi 27 octobre 2016, 15h30-17h30
Session #1: Géraldine Gourbe, à la Villa Vassilieff
Dans la perspective de la récente publication en français aux éditions Shelter Press/ESAAA, du livre In the Canyon, Revise the Canon, Savoir utopique, pédagogie radicale et artist-run community art space en Californie du sud, coordonnée par Géraldine Gourbe, nous l'avons invitée à venir nous présenter ses recherches sur une proposition de Virginie Bobin.
Nous nous arrêterons en particulier sur les séances de «consciousness rising» ou «groupe de prise de conscience» pratiquées dans le contexte des mouvements féministes et de leur impact/et usage à la fois militant, pédagogique et artistique. L'activiste éco-féministe Starhawk décrit ainsi cette pratique: «Le groupe choisit un sujet […]. Nous nous mettons en cercle. Chaque personne parle tour de rôle. […] Nous parlons à partir de notre expérience personnelle. Quand le cercle est fini, nous avons une discussion ouverte sur les traits communs et les différences entre nous. À partir de cette discussion, nous pouvons développer une analyse.» (Starhawk, Rêver l'obscur: Femmes, magie et politique, Éditions Cambourakis, 1982, 2015).
Géraldine Gourbe est philosophe et chercheure indépendante. Elle a obtenu un doctorat en esthétique—soutenu par une bourse de la DMTS, Ministère de la Culture—sur l’esthétique politique de la Womanhouse et Woman’s Building initiés par Judy Chicago à Los Angeles, de 1970 à 1980 à l’Université de Nanterre—Paris Grand-Ouest. Elle a enseigné l'esthétique à l'Ecole Supérieure d'Art de l'Agglomération d'Annecy, à Sciences Po, aux Beaux-Arts de Marseille et à l'Université de Metz. Avec le soutien de l'Institut français, du Cnap, des services culturels de l’Ambassade France à New York, elle a coordonné (version anglaise) In the Canyon, Revise the Canon: utopian knowledge, radical pedagogy and Artist-run Community Art Space in Southern California publié par Shelter Press/ESAAA. Elle écrit actuellement un ouvrage sur Allan Kaprow et la côte ouest nord-américaine, intitulé Kaprow, Californien ou l'inservitude volontaire, collection FAMA dirigée par Xavier Douroux, Presses du réel. Elle a co-dirigé avec Dorothée Dupuis le programme et l'exposition sur l'héritage de l'auteure Kathy Acker, K. Acker: The Office, Triangle, Marseille. Elle a été lauréate avec Florence Ostende d'une allocation recherche-curatoriale à partir des collections du Cnap autour du sujet de la contre-culture en France de 1947-1964. Elle est commissaire associée avec Florence Ostende pour l'exposition École(s) de Nice, MAMAC Nice, commissariat général Hélène Guenin, dans le cadre des 40 ans du Centre Pompidou, été 2017.
Modalités des pratiques de co-création: l'oralité (séminaire)
Ce séminaire organisé par Marie Preston et Céline Poulin, avec la participation de Stéphanie Airaud, fait suite à celui qui a eu lieu l'an passé à la Villa Vassilieff. Ce semestre, et en perspective des deux journées d'étude qui auront lieu le 21 janvier au MAC VAL et le 4 février au CAC Brétigny, nous nous arrêterons en particulier sur les pratiques collaboratives ou de co-creation qui usent de la forme dialogique, et ceci alternativement dans sa dimension performative et comme chemin vers la coopération et la création de relations intersubjectives.
Le dialogue (engendré ou non pas une activité) est envisagé comme initiateur à la relation et à l’élaboration d’une esquisse de trajet commun en étant soigneusement considéré et conceptualisé, le langage vocalisé étant alors d’abord employé pour son caractère communicationnel. En dehors de la relation émetteur/récepteur, nous nous attacherons également à penser la manière dont chaque individu à la rencontre de l’Autre voit résonner en lui les voix multiples qui l’habitent. La création coopérative rend sensible cet état où chacun tente de jongler habilement avec cette multitude intérieure. Mais le langage n’est pas non plus garant d’une communication infaillible. Les artistes, les collectifs, les personnes engagées dans ces processus savent que les lieux où l’on s’arrête, nous conduisent à des rencontres inédites, où la langue, comme les gestes, doivent s’inventer. Enfin, et puisqu’il est question d’art comme expérience, nous nous intéresserons à la manière dont le récit transmis oralement continue de présenter une alternative à l’information médiatique. Ceci dans la continuité de l’analyse que fit Walter Benjamin dans son texte Le Narrateur.
Ressources
- Vocales 04.02—23.04.17 (Exposition)